La numérisation croissante des archives et des photographies ethnographiques anciennes ou contemporaines rend possible leur diffusion en ligne. Dès lors, outre la question de la gestion de la masse de données et de leur pérennité, se pose celle des formes à donner à cette valorisation numérique des archives et collections, de sa réception et des usages qui peuvent en être faits.
Le Laboratoire d'ethnologie et de sociologie comparative, le musée du quai Branly et la Bibliothèque nationale de France, partenaires du site A la naissance de l’ethnologie française. Les missions ethnographiques en Afrique subsaharienne (1928-1939) (http://naissanceethnologie.fr/) du Labex Les passés dans le présent, organisent un colloque les 4 et 5 octobre 2018 pour débattre de cette valorisation, suivi le 6 octobre d’une présentation débat au salon Kerchache du musée du quai Branly.
Les technologies sans cesse en progrès de l’outil numérique, qui permettent de montrer les contenus des collections différemment de l’édition imprimée et de l’exposition, et qui s’affranchissent de la base de données hiérarchique, sont susceptibles de modifier le discours scientifique produit sur elles. Archives et collections en ligne sont aussi appropriées par divers publics, notamment les artistes, y compris dans les pays à partir desquels elles ont été constituées. D’autres discours peuvent alors les enrichir et leur donner une nouvelle forme d’existence.
Jeudi 4 octobre à la BNF
Retours d’expérience de valorisation de collections ethnographiques
Jeudi 4 octobre matin, 10h00-13h00
- 10h00 Ouverture du colloque par Mme Laurence Engel, présidente de la Bibliothèque nationale de France
- Mot d’introduction par Ghislaine Glasson-Deschaumes, Labex Les passés dans le présent, et Sophie Blanchy, CNRS, Laboratoire d'ethnologie et de sciologie comparative.
Session 1. Valorisation des collections ethnographiques par l’édition et les expositions.
Modératrice : Caroline Tourette
10h20-10h45 Eric Jolly, CNRS, Institut des mondes africains
Les usages éditoriaux des fiches et des photographies de terrain : l’exemple des missions Griaule.
Cet exposé s’attachera à analyser l’évolution des usages éditoriaux des fiches et des photographies des missions Griaule des années 1930 et 1940 en prenant en compte aussi bien les publications scientifiques, littéraires et grand public des membres de ces missions que les ouvrages plus récents consacrés à ces expéditions ethnographiques.
10h45-10h 55 Discussion, questions
11h00-11h25 Marianne Lemaire, CNRS, Institut des mondes africains
Usages et édition d’archives d’ethnologues. L’exemple de la correspondance de Denise Paulme et d’un journal de mission de Michel Leiris.
Cet exposé retracera deux expériences d’édition d’archives d’ethnologues et tentera de mettre en évidence les apports, les enjeux et les contraintes propres à chacune d’elles, notamment selon la nature de l’archive éditée : une correspondance ou un journal de mission.
11h25-11h35 Discussion, questions
Pause 11h35-11h50
11h50-12h15 Anaïs Mauuarin, Association de recherche sur l'image photographique, et Christine Barthe, Responsable de l'Unité Patrimoniale des collections photographiques au musée du quai Branly, avec Carine Peltier, responsable de l’iconothèque du musée du quai Branly
Exposer les photographies, du Trocadéro au quai Branly.
La communication portera sur quelques moments clefs de l’histoire des photographies : de la façon dont l’ethnologie a montré ses images dans le contexte du Musée d’Ethnographie du Trocadéro dans les années 30, à quelques expositions spécifiques au Musée de l’Homme dans les années 90, avant le transfert des collections au musée du quai branly. Seront évoqués différents cas de figure montrant diverses facettes d’un statut des collections en évolution.
12h15-12h25 Discussion, questions
12h25-12h50 Alain Carou, conservateur au département de l’audiovisuel, Bibliothèque nationale de France, Andrea Paganini, Fondation Jean Rouch, et Béatrice de Pastre, directrice des Archives françaises du film du Centre National de la Cinématographie, commissaires de l’exposition
Retour sur l’exposition « Jean Rouch, l’Homme-Cinéma » (26 septembre au 26 novembre 2017)
12h50-13h00 Discussion, questions
Pause déjeuner 13h00-14h00 pour les intervenants à la cantine de la BNF
Jeudi 4 octobre après midi, 14-17h00
Session 2. Retour critique sur la fabrication de sites web de valorisation d’archives ou de collections
Modératrice : Ghislaine Glasson-Deschaumes
14h00-15h10 Table ronde : Marie Dominique Mouton, Sophie Blanchy, Frédéric Dubois, CNRS, Lesc, Laure Carbonnel, Aurélie Méric
Retour sur la réalisation du site « A la naissance de l’ethnologie française. Les missions ethnographiques en Afrique subsaharienne (1928-1939) ».
L’équipe du projet retracera les questions théoriques et méthodologiques qui se sont posées lors de la réalisation du site (au sein du Labex Les passés dans le présent), en partenariat avec le musée du quai Branly-Jacques Chirac et la Bibliothèque nationale de France, depuis ses objectifs jusqu’à ses choix techniques et scientifiques.
15h10-15h25 Discussion, questions
15h25-15h50 Caroline Tourette, conservatrice au département Philosophie-Histoire-Science de l’homme, Bibliothèque nationale de France
La valorisation des collections ethnographiques de la BnF à travers la bibliothèque numérique Gallica : la constitution du corpus Ethnographie.
Les corpus Gallica sont des sélections organisées et éditorialisées de documents numérisés de la bibliothèque numérique de la Bibliothèque nationale de France. Le partenariat avec le Labex Les passés dans le présent a été l’occasion de créer un corpus Gallica destiné au grand public et complémentaire du site A la naissance de l’ethnologie française.
15h50-16h00 Discussion, questions
16h00-16h20 Pause
16h20-16h45 Pascal Cordereix, BNF, département de l'Audiovisuel , et Aude da Cruz Lima, CNRS, Laboratoire d'ethnologie et de sociologie comparative-Centre de recherches en ethnomusicologie,
“Les sources de l’ethnomusicologie” : retour d’expérience d’un projet de valorisation numérique à l’ère du web de données.
Le projet Les Sources de l’ethnomusicologie (Labex Les passés dans le présent) porte sur la numérisation, la documentation et la valorisation des archives sonores et audiovisuelles ethnomusicologiques conservées dans les institutions partenaires : la BnF, le Centre de Recherche en Ethnomusicologie (LESC, CNRS UPN) et le musée du quai Branly - Jacques Chirac. L’enjeu de ce projet est de faciliter, grâce à des technologies numériques novatrices, l’accès à ces fonds patrimoniaux complémentaires et dispersés.
16h45-16h55 Discussion, questions
Vendredi 5 octobre à la maison Max Weber, Université Paris Nanterre.
Réception et usages des valorisations d’archives ou de collections ethnographiques
Vendredi 5 octobre matin, 10h00-13h00
Session 3. Relations entre fonds ou collections et pratiques contemporaines
Modérateur : Eric Jolly
10h00-10h25 Jean-Jacques Casteret, directeur de l’ethnopôle InOc Aquitaine, chercheur associé au Laboratoire ITEM de l'Université de Pau et des Pays de l'Adour
Médiations numériques en domaine occitan : entre archive et pratiques vivantes
Dès le milieu des années 2000, l’Institut Occitan (InOc) Aquitaine, opérateur de la région Nouvelle-Aquitaine pour la valorisation de la langue et de la culture occitane, labellisé Ethnopôle [Pôle national de recherches et de ressources en ethnologie] par le ministère de la Culture (DPRPS-DGPat), a abordé la transmission du patrimoine culturel immatériel par le biais de productions éditoriales en ligne, notamment le site Sondaqui.com, constituant peu à peu un environnement numérique œuvrant à la croisée de la recherche et de l’action culturelle, entre archive et pratiques vivantes ; inventaire et éducation artistique et culturelle ; appropriation des ressources par les artistes et acteurs de terrain.
10h25-10h 35 Discussion, questions
10h40-11h05 Judith Hannoun, Maison Asie-Pacifique / CREDO (CNRS/Aix-Marseille Université)
Les chercheurs et leurs archives : l'exemple d'ODSAS, plateforme d’archivage, de manipulation et d’annotation des ressources numériques en sciences humaines et sociales
Depuis plus de 10 ans, la plateforme ODSAS, https://www.odsas.net, propose aux chercheurs en sciences sociales, une autre approche dans l'appropriation de leurs données de terrains. Cette intervention propose de faire le point sur les différentes pratiques et usages des chercheurs quant à la réutilisation, l'exploitation et la valorisation de leurs archives numériques.
11h05-11h15 Discussion, questions
11h15-11h35 Pause
11h35-12h00 Valérie Perlès, directrice du musée Albert Kahn.
Créer les conditions de la rencontre entre les différents publics et les Archives de la planète
Dans un contexte de rénovation et de réécriture de son projet, le musée Albert Kahn, détenteur des Archives de la planète constituées entre 1909 et 1931 par le banquier, philanthrope et pacifiste Albert Kahn (plus d’une centaine d’heures de films et près de 72 000 autochromes), s’engage dans une démarche historiographique visant à interroger la perception du monde par le photographe/cameraman, la matérialité du fonds, et entreprend un travail autour de l’histoire de ses usages et de sa réception dans différents contextes d’utilisation. Différentes modalités de diffusion et de valorisation des collections sont envisagées. Nous proposons de présenter ici deux projets emblématiques : l’open data qui permet, librement, de mettre l’ensemble des collections dématérialisées à la disposition du plus grand nombre ; le parcours permanent qui donne des clés de compréhension de ces mêmes collections à travers une « vraie » expérience de visite.
12h00-12h10 Discussion, questions
12h15-12h40 David Zeitlyn, Professor of Social Anthropology, University of Oxford
Archiving ethnography? The impossible and the necessity. Damned if we do, damned if we don't.
Contradictory injunctions, conflicting legal, moral and ethical codes should not be much of a surprise to ethnographers (nor archivists) but surprised we often are. I consider some extreme cases and extreme reactions to them. However, for most ethnography there are mundane, working solutions also achievable without having to burn everything. (For example long embargos can solve many problems but these raise data migration issues).
12h40-12h50 Discussion, questions
Pause déjeuner 13h00-14h00 buffet pour les intervenants, Maison Max Weber
Vendredi 5 octobre après-midi, 14h00-17h00
Session 4. Réception et usages par les populations et les artistes
Modérateur : Julien Bondaz
14h00-14h25 Jessica de Largy Healey, LESC ,
Archives numériques aborigènes et création: exemples récents de la Terre d’Arnhem
Depuis une quinzaine d’années, des centres d’archives aborigènes ont vu le jour dans plusieurs communautés isolées du nord de l’Australie. Bénéficiant d’une politique institutionnelle propice à la restitution numérique des collections, ce tournant archivistique aborigène génère une formidable créativité et des pratiques artistiques nouvelles dont il s’agira ici de présenter quelques exemples.
14h25-14h35 Discussion, questions
14h35-15h35 Table ronde : Dominique Malaquais, Imaf, (Archive (re)mix), Sarah Frioux-Salgas, Responsable des archives du Musée du quai Branly, et les artistes Sammy Baloji, photographe(sous réserve), et Mathieu Kleyebe Abonnenc, réalisateur de cinéma, à propos de leur travail avec des archives et collections africaines.
15h35-15h55 Discussion, questions
15h55-16h15 Pause
16h15-16h40 Jean-Philippe Moreux, Expert Gallica, département de la Coopération, BnF.
Les outils des humanités numériques et leur application sur les collections numériques de la BnF : retour d’expérience
16h40 Questions et discussion finale
Samedi 6 octobre Rendez-vous au salon Kerchache, musée du quai Branly
15h00-17h00
« Quelles archives aujourd’hui pour les objets du musée du quai Branly ?
L’exemple des poupées de la mission Dakar Djibouti »
Autour du film Les poupées. Archives vivantes, Sénégal, 2012-2015. Entretiens croisés sur des objets collectés au Sénégal par la mission Dakar-Djibouti en 1931 (28’). Dans le cadre d’un projet collectif d’archives vivantes et de restitution symbolique d’objets collectés en Afrique, Marie Gautheron a réalisé une série d’interviews filmées auprès d’interlocuteurs africains, face à des photographies d’un corpus d’objets de la mission Dakar Djibouti.
Avec Marie Gautheron, agrégée de lettres et historienne de l’art. Le débat sera animé par Jessica De Largy Healy (chercheure CNRS, LESC) autour de ce cas et d’autres exemples (aborigènes d’Australie notamment) d’élaborations d’archives vivantes et des modes de restitution.
Leur dialogue portera sur ce que peut apporter à notre connaissance des objets les discours contemporains et la réception locale de ces objets.