"Écritures numériques et éditorialisation" - cycle 2014-2015
- 20 novembre 2014 : Entre blogue et revue savante : hybridation des pratiques de recherche
En démultipliant les formes de lecture et d’écriture dans la société non-savante, le numérique a favorisé l’émergence de pratiques nouvelles où se mêlent communication, collection, archivage, littérature, etc. Dans ce contexte de fluidification des formes d’écriture, les pratiques des chercheurs se sont elles aussi diversifiées, empruntant souvent à des formes de production de contenus jusqu’alors inexistantes dans les méthodologies de la recherche.
Cette hybridation des pratiques que l’on observe depuis peu semble ouvrir la recherche et la communauté de chercheurs à de nouvelles formes de production de savoir, bouleversant le processus classique de légitimation et de certification des connaissances.
- 22 janvier 2015 : Ressources et documentation pour la recherche
L’accès aux ressources et à la connaissance était, à l’origine, essentiellement basé sur les bibliothèques universitaires ou personnelles. C’est probablement l’aspect de la recherche qui a le plus bénéficié de l’hybridation et de l’ouverture des pratiques permises par le numérique. La multiplication des sources et l’intégration de contenus non-savants dans les pratiques de recherche ont ainsi autorisé une plus grande fluidité dans la circulation des idées et, potentiellement, une plus grande créativité. Cet élargissement des sources a par exemple ouvert de nouvelles opportunités pour l’élaboration d’hypothèses de recherche. Cependant, il convient de se demander si ces ressources non-savantes permettent de maintenir le niveau qualitatif requis par la communauté scientifique et si de nouvelles stratégies de validation ont été adoptées par les chercheurs pour certifier ces sources. Au regard des pratiques émergentes de veille et d’accès aux connaissances, cette séance posera la question de l’évaluation et de la légitimation des ressources par les chercheurs.
Cette séance se déroulera exceptionnellement à l’Université Paris Ouest Nanterre La Défense pour clôturer le colloque sur les dispositifs de lecture savante.
- 12 février 2015 : Politique de l’archive et impact des formats
Une décennie de politique publique de numérisation des patrimoines a permis aux institutions de repenser l’accès à leurs corpus. Pour répondre au décalage entre les pratiques traditionnelles, stabilisées dans les bibliothèques, et les pratiques numériques d’accès aux ressources, les projets nationaux et transnationaux tels que Gallica, Europeana ou encore Canadiana ont en effet mené nombre d’études sur les modes de structuration, la mise à disposition et la circulation des archives.
Ces récentes archives numériques ont naturellement été adoptées dans les usages et les travaux des chercheurs. Il est possible aujourd’hui de mesurer l’impact de ces numérisations et des formats d’archivage qui ont prévalu et qui ont parfois inscrit dans la structure même des archives certains présupposés explicites sur la conceptualisation du patrimoine. Outre les formats de données, les dispositifs d’éditorialisation des archives conditionnent fortement l’accessibilité des ressources et in fine le travail du chercheur.
Nous chercherons, à travers plusieurs exemples concrets, à rendre compte de ces tensions entre la ressource et son appropriation, ainsi que des stratégies des chercheurs pour contourner ou faire abstraction des modes de formatage des archives.
- 12 mars 2015 : Élargissement des communautés scientifiques
Attention, le séminaire commencera à 12h30 à Montréal ; 17h30 de Paris
La communauté de pairs reste un pilier de la recherche, notamment pour l’évaluation des publications. On observe pourtant un élargissement tous azimuts de ces communautés de pairs, consécutivement à de nouvelles pratiques de publications plus ouvertes de la part des chercheurs, et dont l’éditorialisation incorpore des modes de partage et de discussion issus de milieux non-savants. Ces dispositifs d’éditorialisation redéfinissent les conditions de la parité en ouvrant la controverse scientifique à des communautés plus larges, encourageant ainsi leur accès au public et favorisant une plus grande transparence sur les enjeux de recherche. La collaboration du public à ces controverses ou lors des initiatives d’Open Science à des micro-tâches de recherche participe pleinement à l’activité scientifique.
On peut se demander dans quelle mesure ces communautés concurrencent ou remettent en cause l’institution et les communautés de pairs établies, et si cette nouvelle diversité se révélera une richesse et une avancée pour les sciences, redonnant par exemple un ancrage politique et éthique aux chercheurs.
- 23 avril : Faire œuvre à l’époque du numérique
Le web semble mettre profondément en question le concept d’auteur tel que nous le connaissons depuis quelques siècles. L’assimilation du copier-coller, de l’hypertexte dans l’écriture courante, et plus généralement les nouvelles formes d’éditorialisation, mettent en avant le travail collaboratif et tendent à affaiblir le sens de la signature. La réception d’un contenu est ainsi davantage liée à la plateforme qui le diffuse, plutôt qu’à la personne qui l’a créé. Des expressions comme “j’ai trouvé cette information sur Google” ou encore “sur le web” démontrent un changement de la perception des dispositifs de légitimation d’un contenu.
De la même manière, les chercheurs eux-mêmes intègrent des logiques de partage et de co-élaboration de résultats qui ne favorisent pas la réalisation d’une œuvre propre, valorisable en tant que telle par un individu. Le chercheur se présentera et se définira alors davantage à travers l’agrégation de ses activités, participations et collaborations, souvent publiées ou communiquées en tant que work-in-progress et échappant à la validation scientifique.
Dans ce cadre, qu’en est-il du concept d’œuvre en tant que production cohérente d’un individu - ou d’un groupe de chercheurs ? Comment penser les notions de “plagiat”, de “copie” ou d’”originalité” ? Quels sont les nouveaux vecteurs de reconnaissance qui permettent malgré tout aux individus de faire œuvre ?
- 18 juin : ATELIER D’ÉTUDE
Horaire spécial : durée de 4h ; heures de début et de fin à venir
Cette session, sous forme d’atelier, reprendra les thématiques et les questions traitées lors des cinq séances précédentes, pour réinterroger leurs enjeux et tenter de dégager quelques éléments de réponses et axes tendanciels. Le programme détaillé est annoncé sur le site du séminaire.